Ceux des artistes qui furent qualifiés d’hantologiques débordaient de mélancolie, et ils s’intéressaient à la façon qu’avait la technique de matérialiser les souvenirs — d’où une fascination pour la télévision, les vinyles, les cassettes audio et les sons produits par ces techniques en voie d’extinction. Cette fixation sur la mémoire matérialisée a conduit à ce qui est peut-être la principale caractéristique sonore de l’hantologie : l’utilisation du craquement, le bruit produit par la surface d’un vinyle.
Les craquements nous font prendre conscience que nous sommes en train d’écouter un temps disloqué ; ils nous empêchent de nous laisser aller à l’illusion de la présence. Les craquements renversent l’ordre normal de l’écoute dans laquelle, ainsi que l’a énoncé X, nous sommes habitués à ce que le « re-» du « recording » soit refoulé.
Nous sommes amenés non seulement à penser que les sons que nous entendons ont été enregistrés, mais aussi à prendre conscience des systèmes de diffusion qui permettent de les rejouer. Et derrière une grande partie de l’hantologie sonore, on trouve la différence entre « analogique » et « numérique » : un très grand nombre de morceaux hantologiques s’attachaient à repenser l’aspect physique du média analogique à l’ère de l’éther numérique. Mark Fisher
Those artists who came to be known as hantologists were brimming with melancholy, and were interested in the way technology materialised memories – hence a fascination with television, vinyl, audio cassettes and the sounds produced by these dying technologies. This fixation on materialised memory led to what is perhaps the most important sonic feature of hauntology: the use of crackle, the noise produced by the surface of a vinyl record.
The crackles make us aware that we are listening to a dislocated time; they prevent us from indulging in the illusion of presence. The cracking reverses the normal order of listening in which, as X has said, we are used to the ‘re-‘ of ‘recording’ being repressed.
We are led not only to think that the sounds we hear have been recorded, but also to become aware of the broadcasting systems that allow them to be replayed. And behind much of sound hauntology is the difference between ‘analogue’ and ‘digital’: a great many hauntological pieces set out to rethink the physicality of the analogue medium in the age of the digital ether. Mark Fisher